L'actualité des outils de recherche a dernièrement fait état de plusieurs actions de "Google Bombing", notamment contre George Bush, Jacques Chirac ou le député Jean Dionis du Séjour. Comment ces "châtiments numériques" sont-ils mis en œuvre par leurs auteurs ? Comment s'en prémunir ? Comment savoir qui a lancé une telle action ? Google peut-il changer son algorithme pour éviter ce type d'action ? Une action de Google Bombing est-elle assimilable à une diffamation ? Nous tentons, dans cet article, de répondre à ces questions...

Le "Google Bombing", vous connaissez ? Il s'agit d'une pratique qui se développe sur le Web et dont ont été victimes un certain nombre de personnalités dans les semaines qui viennent de s'écouler : George Bush (http://actu.abondance.com/2003-50/miserable-failure.html), Jacques Chirac (http://actu.abondance.com/2004-13/chirac-magouilleur.html), Jean Dionis du Séjour (http://actu.abondance.com/2004-07/jean-dionis.html), etc. L'épisode "weapons of mass destructions" sur Google (http://actu.abondance.com/2003-28/adm.html) relève du même phénomène. Idem pour les requêtes "Go To Hell", "more evil than Satan", "site le plus crétin" ou "site web détesté" qui menaient, dans le désordre, vers les sites de Microsoft, AOL, TF1 ou autres Fun Radio il y a quelques mois de cela... Et cette liste n'est pas exheustive, loin de là...

Il s'agit, en fait, de faire sortir une page précise en premier résultat sur Google sur une requête donnée. Par exemple, pour l'expression "député liberticide" :

En cliquant sur le bouton "J'ai de la chance" (on voit ici tout le côté perfide et satirique de la manœuvre...), les internautes arriveront sur le site de la personne visée, ici le député Jean Dionis du Séjour (http://www.jeandionis.com/), rapporteur de la "Loi sur l'économie Numérique" qui n'a pas réellement plu à certains internautes (rappelons que le bouton "J'ai de la Chance", sur Google, vous renvoie directement sur le lien classé en première position par le moteur pour la requête demandée).

Une action de Google Bombing est donc toujours menée contre quelqu'un et pour un mot clé ou une expression (suite de mots clés) donné. Votre voisin vous énerve et dispose d'un site web ? Vous pouvez mener contre lui une action de Google Bombing sur l'expression "voisin crétin"... Bon, c'est un exemple, hein 😉

Comment fonctionne le Google Bombing ?

Comment ces actions de "châtiment numérique" sont-elles menées ? On a coutume de dire qu'une page web est bien positionnée sur une requête donnée si elle contient, dans son code HTML (son titre, son texte, etc.), les mots demandés.  Mais il est évident que le site de Jean Dionis ne contient pas l'expression "député liberticide" et le site de l'Elysée le mot "magouilleur" sur la page de présentation de Jacques Chirac...

En fait, le système est basé sur une fonctionnalité très spécifique de Google : ce moteur de recherche donne une grande importance au texte des liens pointant vers une page. Un document parlant d'assurance vie sera notamment considéré comme pertinent par Google sur l'expression "assurance vie" si les liens qui pointent vers lui contiennent le texte "assurance vie". Exemple : "pour tout savoir sur l'assurance vie". Connaissant ce "talon d'Achille" (dans ce cas, car il s'agit d'un critère de "ranking" tout à fait pertinent pour un moteur) de Google, certains en ont profité pour utiliser ce biais afin de combattre leurs "ennemis". Il "suffit" alors, pour reprendre l'exemple du Google Bombing effectué contre le député Jean Dionis, de multiplier les pages contenant le lien textuel ayant comme libellé "député liberticide" et de faire pointer ce lien vers la page d'accueil de la personne ciblée :

Fichier PDF téléchargeable ici (la lettre Réacteur n'était à cette époque-là disponible que sous cette forme).