Le moteur de recherche Brave Search a débarqué sur le Web il y a quelques semaines de cela et s'est fait remarquer par des résultats d'excellente qualité dès le départ. Pour en savoir plus à son sujet, nous avons posé une douzaine de questions à Josep M. Pujol, Chief of Search du moteur, au sujet de l'index, des technologies utilisées, du robot, du modèle économique et de la genèse de ce nouveau moteur qui pourrait faire parler de lui dans les mois qui viennent. Voici ses réponses...

 

Le moteur de recherche Brave Search est ce que l'on peut appeler un « moteur bien né ».  Peut-être même l'un des seuls depuis bien longtemps... Et en tout cas depuis plus de 10 ans. Après les échecs de Cuill, Blekko, Wikia search, Qwant et bien d'autres, il est presque surprenant de voir débarquer un nouveau moteur (basé sur un index et des algorithmes propres, donc pas un metamoteur ou une interface de recherche comme DuckDuckGo, Lilo ou Ecosia). Avec des résultats très pertinents dès le départ. Annoncé en mars 2021, puis disponible auprès d'une petite communauté de bêta-testeurs début juin, il a finalement été lancé fin juin en version bêta pour tous les internautes désireux de le tester. Aussi, sa bonne tenue nous a amené à contacter les équipes de Brave pour en savoir plus au sujet de ce moteur : origine, historique, robot, mixité des résultats, modèle économique, avenir envisagé, etc.

Merci donc à Josep M. Pujol, Chief of Search du moteur, d'avoir bien voulu répondre à nos questions (traduites ici de l'anglais et validées par les équipes de Brave) :

 

Pouvez-vous nous donner la genèse du projet Brave Search. Quelles technologies ont été utilisées ? Quel est l'historique et le calendrier de ce projet ?

Brave search est le résultat de la vision de Brave selon laquelle les navigateurs et la recherche sont dépendants les uns des autres, comme la voiture et la roue. Pour pouvoir agir comme un véritable agent utilisateur pour les utilisateurs, Brave doit offrir les deux. En fait, les personnes qui ne sont pas des techniciens ont souvent du mal à faire la distinction entre le navigateur et le moteur de recherche, d'où l'intérêt de proposer les deux. La découverte par la recherche est au cœur de l'expérience de navigation, et Brave a toujours été intéressé par l'amélioration de la recherche.

Malgré cette vision, le développement d'un moteur de recherche est une entreprise très coûteuse que Brave ne pouvait pas entreprendre dès sa genèse, d'autant plus que Brave a lancé son navigateur en 2016. À peu près à la même époque, en 2014, il existait une autre entreprise avec une vision très similaire (servir les utilisateurs en premier et protéger la vie privée) : Cliqz, basée à Munich, fondée par JP Schmetz et Marc Al-Hames et entièrement financée par Burda. Ils partageaient la même mission et, grâce à un bon financement, avaient la capacité et le courage de commencer à construire un moteur de recherche. Cependant, Cliqz ne s'est pas développé autant que Brave et ses coûts sont devenus difficiles à assumer. De nombreuses personnes souhaitent voir une alternative à Google, mais très peu sont prêtes à risquer leur argent pour en faire une réalité.

Après que Cliqz ait cessé d'être opérationnel, pour éviter que la recherche ne disparaisse, Burda a autorisé une scission de la propriété intellectuelle, des données et de la technologie de recherche auprès d'une petite équipe, appelée Tailcat. Lorsque Brave l'a appris, il était clair qu'il fallait se diriger dans cette direction, et nous y voilà. Avec un moteur de recherche indépendant entièrement fonctionnel et un navigateur fantastique, nous sommes prêts à offrir au monde une alternative à la Big Tech. Un pas après l'autre, ce qui était autrefois considéré comme une tâche impossible commence à devenir une réalité, d'autant que des millions d'utilisateurs recherchent désormais des outils de préservation de la vie privée après avoir perdu leur confiance en Google.

 

Quel est le nom du robot Brave Search ? Cliqzbot, Bravebot ou autre ?

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Interview proposée par Olivier Andrieu Rédacteur en chef de la lettre "Réacteur".