Dans la rubrique "Big Brother", les données personnelles détenues par les moteurs de recherche sont au cœur de toutes les préoccupations depuis l'injonction du ministère de la Justice américain d'accéder aux données détenues par certains moteurs sur les requêtes effectuées par leurs utilisateurs sur un laps de temps donné. Mais quelles sont donc les informations  que les outils de recherche sont susceptibles de détenir sur nous ? Le risque d'intrusion dans nos vies privées est-il si important ? Nous vous offrons ici un panorama des principales données qui sont recueillies par ces outils.

Vous voulez savoir ce que pense quelqu'un ? Quels sont ses goûts favoris ? Ses habitudes de consommation ? Regardez donc les requêtes qu'il a effectuées sur son moteur de recherche préféré, cela vous en dira certainement long sur ses centres d'intérêt… Est-ce possible techniquement ? Une telle idée s'apparente-t-elle à de la paranoïa ? Il est très difficile de le savoir… Dernièrement, la justice américaine a en tout cas demandé à consulter une liste des requêtes effectuées sur plusieurs moteurs de recherche nationaux lançant, par là même, une polémique sur l'éventuelle utilisation des données stockées par les moteurs à des fins de cybersurveillance. Mais de nombreux outils proposés par Google notamment (Gmail, Desktop Search, Personalized Search entre autres) avaient déjà suscité le débat...

Si certains outils de recherche ont mis à la disposition de l'Etat américain une partie des informations demandées (en les rendant anonymes), Google fait quant à lui de la résistance depuis plusieurs mois pour protéger la vie privée de ses utilisateurs et ses secrets commerciaux.

Google serait donc plus susceptible de protéger la vie privée de ses utilisateurs que Yahoo ou MSN ? Pas si sûr selon le Times britannique qui souligne qu'à l'instar d'autres moteurs américains, Google fait fréquemment l'objet de critiques de la part des défenseurs des libertés qui l'accusent notamment de coopérer avec le gouvernement chinois pour appliquer une censure stricte des sites dans ce pays (http://www.timesonline.co.uk/article/0,,11069-2002169,00.html).

Mais pourquoi tant d'attention sur le cas de Google alors même que, de l'aveu de la plupart des analystes, tous les moteurs majeurs (y compris Yahoo, MSN ou A9) conservent autant de données privées que Google sur leurs utilisateurs ? "Google est sur le point de voler la vedette à Microsoft en ce qui concerne son potentiel de violation de la vie privée de ses utilisateurs. Les consommateurs ont beaucoup de mal à accepter cette situation car elle est en rupture totale avec l'image forte de confiance de ce moteur", explique Chris Hoofnagle du "Electronic Privacy Information Center" (voir http://news.com.com/Googles+balancing+act/2100-1032_3-5787483.html).

Rappel historique : en août 2005, les autorités américaines ont demandé à consulter une liste des requêtes des utilisateurs

Le 25 août 2005, Google, MSN et Yahoo ont reçu une injonction du ministère de la justice américain de leur fournir certaines des données qu'ils collectent sur leurs utilisateurs, et plus particulièrement les requêtes effectuées par les internautes sur une période de deux mois.

Objectif affiché du DoJ : étudier ces données en vue d'évaluer l'importance des contenus illégaux et de relancer une loi de 1998 destinée à protéger les enfants de la pornographie sur le Web (Child Online Protection Act). Cette loi a été suspendue il y a deux ans par la cour suprême qui l'avait alors jugée inconstitutionnelle.

Selon le New York Times, MSN, AOL et Yahoo ont accepté de fournir des données au DoJ, tandis qu'Ask Jeeves n'a pas été sollicité. Google s'y refuse quant à lui avec force, pour plusieurs raisons : le respect de la vie privée de ses utilisateurs, la protection de son patrimoine technologique et des secrets commerciaux, ainsi que la charge que ferait peser cette requête gouvernementale sur ses serveurs. Autre explication avancée par ce moteur : certaines requêtes pourraient à elles seules révéler l'identité de ceux qui les ont formulées (en imaginant qu'ils aient, par exemple, effectué une recherche sur leur numéro de carte de crédit).


Fichier PDF téléchargeable ici (la lettre Réacteur n'était à cette époque-là disponible que sous cette forme).