Vous êtes présent sur le territoire français et souhaitez développer votre activité à l’international ? Excellente idée ! Dans ce cas, la compréhension du contenu web de vos pages par tous vos clients actuels et futurs est plus que nécessaire. Mais avant d’attaquer le marché anglophone, avez-vous pensé à vous positionner sur le marché québécois ?

Le développement du e-commerce et des services logistiques pousse de plus en plus de sites web à traduire leurs contenus afin d'être en mesure de toucher davantage de clients à travers le monde. Nous connaissons tous l'importance du fait de fournir à nos clients des informations qu'ils peuvent comprendre et de préférence, dans leur langue.

De nombreux sites français souhaitant développer leurs activités en ligne commencent donc par traduire leurs contenus dans les langues les plus parlées, à savoir l'anglais et l'espagnol, sans pour autant avoir une stratégie bien élaborée.  Qui n’a jamais entendu quelqu’un dire “je traduis mon site en anglais pour m’ouvrir à l‘international”.

Il est également possible de créer des versions plus localisées du contenu : des langues moins parlées, mais pour lesquelles il existe une demande importante. Demande de clients ? Marchés à fort potentiel ? Toutes les raisons sont bonnes pour se poser la question.  Nous parlons ici de langues telles que l'Allemand, le Suédois, l'Italien, etc. Bref, des langues que l'on parle peu hors des frontières de leur pays natif. 

Dernière option, parce qu’il en existe une, et pas des moindres : adapter son contenu à une autre forme, une variation de notre langue. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous ne voyons pas de sites québécois dans nos SERP ? Est-ce uniquement lié à l'extension de votre nom de domaine ? Ou bien parce que vous recherchez une voiture et non un char ? Ou bien aux informations que vous aurez préalablement inscrites dans Google My Business ?

La fonctionnalité "ciblage international" de la Search Console pourrait être une piste d’explication, mais Gary Illlyes (Analyste chez Google Zurich) a, à plusieurs reprises, contredit l'information selon laquelle que ce choix réduisait la visibilité d’un site dans un autre pays.

Si vous pensiez qu'il était possible de positionner votre site sur les pages de résultat de la Belle Province automatiquement, attachez bien votre tuque ! Dans cet article, nous allons essayer d'y voir plus clair sur les optimisations à mettre en place pour se positionner Outre-Atlantique, chez nos cousins québécois, en abordant nos différences linguistiques, culturelles et leurs impacts sur le référencement. Nous finirons, bien entendu, par quelques astuces à mettre en place sur votre site pour lui faire gagner de la visibilité.

 

Faut-il adapter sa stratégie SEO au français-québécois ?

Nous allons vous faire gagner du temps : oui il est important d'adapter votre stratégie à ce marché si vous souhaitez y faire affaire ! Cependant, adapter ne veut pas forcément dire "transformer" ou "dupliquer" (même si cela peut sembler plus simple dans certains cas).

Pour mieux comprendre, remontons aux fondements des algorithmes des moteurs de recherche. Bien que ces derniers aient évolué, toutes les logiques se sont ajoutées à ce qui était déjà en place.

Lorsque Larry Page et Sergey Brin lancent Google, la règle est simple :

  • Un site .fr est un site français ;
  • Un site .ca est canadien ;
  • Un site qc.ca est québécois.

N.B. : Les extensions qc.ca ne sont plus disponibles à l’achat. 

Ce sont donc ces premiers signaux qui ont permis aux moteurs de recherche de commencer à comparer les pages de différents sites entre elles. (on n’oublie pas les .com, mais de manière générale, c’est le même système qui est mis en place).

L'objectif ici n'est pas de se triturer les neurones, mais bien de comprendre que les Web .qc.ca et .fr, bien qu'étant connectés par la langue, se sont développés en parallèle. Les interprétations des moteurs de recherche ont donc évolué différemment (et non ensemble).

Résultat ? 

Au-delà de nos différences linguistiques, nos cultures ont également affecté la manière dont les algorithmes organisent les pages de résultats.

 

France vs Québec, le vocabulaire

Le choix du vocabulaire est probablement la plus grande différence entre les Québécois et les Français. Ces différences sont le résultat de plusieurs facteurs qui ont influencé le développement du français canadien comme langue distincte du français d’Europe :

Les anglicismes

Les Québécois sont entourés d'anglophones (USA, Canada anglophone), l'anglais a donc eu une grande influence dans l'évolution de la langue, et est donc un facteur de différenciation évident. Néanmoins, il serait erroné de penser que le québécois est empli d'anglicismes et que le français d’Europe en est exempt ! Au contraire, les deux ont adopté des approches différentes pour introduire des termes anglais dans la langue française.

Les Européens, bien que souvent réticents aux anglicismes, gardent généralement les mots anglais tels quels lorsqu'ils les utilisent (avec un superbe accent). En revanche, les Canadiens ont tendance à intégrer les influences anglaises de manière indirecte, soit en conjuguant des verbes anglais avec des terminaisons françaises, soit en traduisant littéralement des expressions ou mots en français comme on peut le voir ici :

Anglicismes québécois


N.B : L'anglais a également influencé la manière de rédiger des Québécois. De ce côté de l'Atlantique, les espaces "in fine" qui précèdent nos signes de ponctuation doubles ne sont pas remplacés par des espaces la plupart du temps! 

Influence des langues indigènes

L'anglais n'est pas la seule langue que le Québécois emprunte. Une partie de son vocabulaire comprend des mots empruntés à des tribus indigènes :

  • Babiches pour sandales - Algonquin ;
  • Achigan pour la perche noire (poisson) - Algonquin ;
  • Tabagie pour le bureau de tabac - Algonquin.

L'ancien français (16ᵉ et 17ᵉ siècle)

Le québécois a connu un développement distinct de son cousin européen et, à ce titre, certains termes des XVIe et XVIIe siècles, que nous n'utilisons plus en France, sont toujours utilisés au Canada.

  • On ne parie pas, on gage ;
  • On ne se déplace pas dans l'obscurité, mais dans la noirceur ;
  • On va s'assir sur une chaise ;
  • On parc son char dans un parc à char (on gare sa voiture dans un parking).

L'impact des différences linguistiques pour vos mots-clés

OK, maintenant qu'on est calé en linguistique, on peut se focaliser à nouveau sur le référencement ! Vous l'aurez sans doute compris, ces différences se font ressentir dans les SERP et il est important de les prendre en considération si vous voulez avoir la chance de vous y positionner.

Au Canada, un aspirateur peut également être appelé "balayeuse". Le terme "balayeuse sans fil" a un volume de recherche mensuel estimé à 500 sur Ahrefs, comme on peut le voir ci-dessous. En France, cette estimation est réduite à 10.

Résultats de recherche "balayeuse sans fil" Canada. Source : Ahrefs.

Recherche "balayeuse sans fil" en France. Source : Ahrefs.


Quand on vous dit qu'il est important d'analyser l'intention des utilisateurs… 

Un autre exemple ?

En France, on va chez l'opticien pour changer de lunettes, au Canada, on va chez l'optométriste.

  • Opticien : 1 700 recherches par mois au Québec — 110 000 en France ;
  • Optométriste : 20 000 recherches par mois au Québec — 3 500 en France.

On peut donc rapidement se tromper.

 

SEO français vs Québécois, comment tirer son épingle du jeu ?

Vous souhaitez développer votre activité au Canada et conquérir Google Québec ? Voici 3 différentes stratégies que vous pouvez mettre en place :

1. Le site spécifique, spécialisé pour le Québec

C'est la technique la plus efficace en termes de résultats et de coût. Pourquoi ? Probablement parce que cette méthode vous permet de vous concentrer à 100% sur le marché québécois sans pour autant avoir à vous soucier du contenu français.

En quoi consiste cette méthode ?

"Simplement" à créer un nouveau site, sur un nouveau domaine et à adapter votre contenu. Achetez votre nom de domaine en .ca, montez une copie de votre site et adaptez-le entièrement au marché canadien en modifiant les textes lorsque nécessaire.

Les avantages : 

  • Création d'un plan SEO québécois 100% optimisé ;
  • Peu de SEO technique à mettre en place (il a déjà été fait pour le site français) ;
  • Le travail de citations locales est plus rapidement compris par les moteurs de recherche ;
  • Relativement peu coûteux.

Les inconvénients : 

  • Vous partez d'un nouveau domaine, donc de zéro en termes de netlinking ;
  • Plus de travail manuel (en cas de mise à jour de contenu en France, il faut mettre à jour le contenu Québécois et vise versa) ;
  • Deux fois plus de travail de netlinking ;
  • Vous mettez potentiellement vos pages en compétition sur des mots-clés de votre niche.

2. Le site francophone

Certains domaines ne sont que très peu impactés par nos différences linguistiques entre France et Québec. C'est le cas de la technologie, l'ingénierie et des sciences, par exemple.

Dans ces domaines d'activités, il est tout à fait possible de conserver une seule version francophone du site. Dans ce cas, il est possible de guider les moteurs de recherche en mettant un coup de boost à sa stratégie de netlinking québécoise pour référencer son site sur Google Québec.

Les avantages : 

  • Création de contenu simplifiée (une seule publication) ;
  • Peu (voir pas) de SEO technique à mettre en place ;
  • Un profil de backlink unique ;
  • Production de contenu moins coûteuse.

Les inconvénients : 

  • Travail d'optimisation On-Page limité. Les mots-clés principaux sont souvent partagés par les deux langues/dialectes, mais les longues traînes plus influencées par les différences linguistiques ;
  • Google aura toujours tendance à positionner le site sur un marché plus que l'autre (en général l'européen si votre site français était le premier en ligne et selon le profil de lien) ;
  • L'extension de votre domaine peut avoir un impact sur votre CTR - Les Québécois ont tendance à moins cliquer sur le .fr et les Français sur le .ca ;
  • La localisation de votre hébergement peut impacter la performance web de vos pages par rapport à la cible lointaine.

Comment mettre en place cette méthode ?

Tout commence par la création d’une stratégie de netlinking pertinente et équilibrée sur les deux territoires. Même si Google a tendance à assigner un site à un pays, le fait de lui envoyer des signaux nationaux (Français canadien et français de France) vous permettra de ne plus être classé aussi facilement dans une case. Analysez donc les profils de liens de vos concurrents en France et au Québec, et essayez de les répliquer s'ils vous semblent pertinents (attention, comme d'habitude quand on copie les autres, il y a également un vrai risque de copier ce qu'ils ont mal fait).

Vous réaliserez probablement que certains sites à forte autorité pointent à la fois vers vos concurrents français et québécois. Évitez-les dans un premier temps pour ne pas envoyer de signaux “mixtes” aux moteurs de recherche. 

Viendra ensuite le temps de l’optimisation de votre contenu. Pour éviter de produire plusieurs pages (car c’est là l’intérêt de cette méthode), nous vous recommandons d’utiliser un outil d’analyse sémantique vous permettant d’analyser les SERP québécois et français (comme PageOptimizer.pro ou Cocolyze par exemple). Il vous faudra lancer une analyse pour chaque pays et vous assurer que le contenu est optimisé pour les deux dialectes.

N’hésitez pas à réitérer ces opérations toutes les 5 ou 6 semaines. 

3. Le site multilingue/multi-pays

Lorsqu’on se lance à l’international, l'option choisie par certaines entreprises est de créer par exemple un sous-répertoire par pays.

  • com/fr pour la France ;
  • com/uk pour l’Angleterre ;
  • Etc.

Il existe de nombreux avantages à faire ainsi, notamment pour le e-commerce (gestion des devises, intégration des services logistiques simplifiés…). Voir les articles Réacteur sur le SEO international. Cependant, cette approche est la plus compliquée à mettre en place et la plus coûteuse du fait d'une architecture technique plus complexe et à la production de contenus optimisés pour chaque pays.

Bien que populaire, ce n'est pas toujours la solution la plus efficace lorsque l'on lance son site entre la France et le Québec, car le québécois devient bien trop souvent un sous-répertoire du sous-répertoire canadien et les efforts de référencement ont tendance à se diluer.

  • apple.com/ca/ 190K mots clés positionnés - Trafic estimé : 3.2M visites par mois.
  • apple.com/ca/fr/ 12,6K mots clés positionnés - trafic estimé : 190K visites par mois.

Analyse du site www.apple.com/ca/. Source : Ahrefs.

Analyse du site www.apple.com/ca/fr/. Source : Ahrefs.

Lorsque l’on sait que le Québec représente plus de 20% du PIB du Canada et presque un quart de sa population, on peut se dire que la marque à la pomme gagnerait à mieux s’y positionner.

Pour éviter ce désagrément, on favorisera l’utilisation de la norme ISO 639-1 standard pour nommer ses sous-répertoires au Canada (mais également dans tous les autres pays multilingues comme la Belgique, la Suisse, le Luxembourg).

Par exemple : https://www.airtransat.com/fr-CA/.

Les avantages : 

  • Expérience utilisateur ++ ;
  • 1 profil de backlink partagé, chaque sous-répertoire de langue disposant d'un profil en propre ;
  • Pour chaque pays ciblé, une stratégie de seo national distincte.

Les inconvénients : 

  • Beaucoup de travail sur la partie technique du site (balises hreflang - URL canonique - rel alternate...) ;
  • Technique la plus coûteuse ;
  • Attention à la cannibalisation de mots-clés entre le français et le québécois ;
  • Moins de contrôle sur l'indexation de vos pages, des pages fr peuvent se retrouver sur les moteurs de recherche ca et inversement.

Vous l’aurez compris, les différences linguistiques et culturelles entre le français et le québécois ne datent pas d’hier. Il est donc tout naturel qu’elles se fassent également ressentir dans les SERP. Ceci étant dit, il est tout à fait possible d’en tirer parti pour développer l’activité de votre entreprise Outre-Atlantique tout en contrôlant votre budget. En effet, bien qu’étant cousines, nos langues (ou dialectes) sont toutes les deux soumises aux mêmes règles et partagent souvent le même vocabulaire.

Cependant, n’oubliez pas que ce marché est une porte d’entrée sur le continent Nord-Américain et que, malgré les nombreuses similitudes linguistiques, le québécois mérite une stratégie SEO à part entière. Il ne vous reste plus qu’à choisir la vôtre (conseil : le site spécifique est de loin la meilleure solution !) !

 

Mégane Perrin, SEO et Content Manager, agence Sur Place à Emporter.