Google a officiellement ouvert son bureau français le 12 juin 2002. Il a Ă©tĂ© confiĂ© depuis la fin mars Ă Franck Poisson, un ancien d’AOL et BTLooksmart. Une bonne occasion pour rencontrer le responsable de Google France. Une première entrevue a eu lieu dans les locaux de la toute nouvelle sociĂ©tĂ©, Ă Boulogne, puis Ă Paris, avec Franck et Sergey Brin, cofondateur amĂ©ricain du moteur de recherche, venu spĂ©cialement des Etats-Unis pour inaugurer officiellement les nouveaux bureaux. L’entretien ci-dessous « mixe » les rĂ©ponses obtenues lors des deux rendez-vous. Merci Ă eux d’avoir bien voulu rĂ©pondre Ă nos questions.
– Sergey, Franck, merci de nous recevoir. Pouvez-vous vous prĂ©senter aux lecteurs de la lettre R&R ?
Sergey Brin : J’ai 28 ans, je suis nĂ© Ă Moscou, je suis titulaire d’un B.Sc. en mathĂ©matiques et informatique Ă l’universitĂ© du Maryland-College Park. J’ai obtenu une maĂ®trise d’informatique Ă l’universitĂ© de Stanford (Californie) avant d’interrompre mes Ă©tudes de Ph.D. d’informatique. J’ai obtenu une bourse de recherche (Graduate Fellowship) de la National Science Foundation. J’ai ensuite rencontrĂ© Larry Page Ă Stanford et nous avons commencĂ© Ă travaillĂ© au projet qui devait donner naissance Ă Google en 1998. Je suis aujourd’hui Responsable Technologie (CTO) de Google. Avec Larry et Eric Schmidt, je m’occupe Ă©galement des opĂ©rations quotidiennes de Google. En 2002, j’ai eu le grand honneur d’obtenir le titre de « Jeune innovateur crĂ©ateur d’avenirs » par le magazine Technology Review du MIT (Massachussets Institue of Technology).
Franck Poisson : J’ai 35 ans, je suis Directeur Commercial de Google France. Je suis diplĂ´mĂ© d’un magistère de relations internationales de Paris I (Sorbonne) et de l’Institut National des Langues Orientales, ce qui m’a emmenĂ©, au tout dĂ©but de mon cursus, Ă voyager en Europe, en notamment de passer un an en Bulgarie, car l’une de mes premières volontĂ©s Ă©tait de m’occuper des minoritĂ©s dans les Balkans. J’ai dĂ©butĂ© ma carrière en 1994 chez MĂ©diamĂ©trie International oĂą je m’occupais des Ă©tudes mĂ©dia pour l’Europe de l’Est. Puis, j’ai rejoint la rĂ©gie Interdeco de Hachette Filipacchi Media en 1996, oĂą j’ai accĂ©dĂ© au poste de Directeur de clientèle des Ă©ditions Ile-de-France des magazines TĂ©lĂ© 7 jours, Elle et Paris Match. En 1998, j’ai intĂ©grĂ© le groupe suisse Edipresse et participĂ© au lancement du premier magazine masculin sur le marchĂ© français, baptisĂ© M Magazine. Je pars ensuite en 1998 chez AOL France en qualitĂ© de Directeur de la rĂ©gie publicitaire (NDLR : il remplace alors BĂ©atrice Cuvelier, qui rejoindra Altavista France avant d’ĂŞtre, elle aussi, pressentie un instant pour diriger la filiale française de Google. Les outils de recherche sont un petit microcosme… ;-)). J’ai alors lancĂ© le portail d’AOL France et dirigĂ© la commercialisation du site. Avant de venir chez Google, j’occupais depuis mars 2001 le poste de Directeur Commercial France chez BTLooksmart, joint venture entre British Telecom et Looksmart. Outre le lancement de la filiale française, je gĂ©rais la commercialisation des mots clĂ©s et des catĂ©gories de la solution de recherche Looksmart. Chez Google France, ma mission sera d’accroĂ®tre la base clients et les revenus publicitaires de la filiale française.
– Pouvez-vous nous prĂ©senter Google en chiffres ?
S.B. : Notre index propose 3 milliards d' »objets », dont 2 milliards de pages web, 390 millions d’images, 700 millions de messages dans 35 000 forums de discussion diffĂ©rents et plus de 22 millions de documents PDF. Nous satisfaisons plus de 150 millions de recherches par jour dans le monde. Nos sites accueillent 52,4 millions de visiteurs uniques par mois Ă domicile (source Jupiter Media Metrix, mars 2002). Notre interface est disponible en 74 langues, il est possible d’effectuer des recherches en 28 langues diffĂ©rentes. Enfin, plus de 50% des recherches effectuĂ©es sur Google proviennent de l’extĂ©rieur des US. Dans le monde, nous employons plus de 400 personnes : 300 au « Googleplex », notre siège social, Ă Moutain View, en Californie, et 100 dans nos autres structures, notamment Ă Londres, Hambourg, Paris et Tokyo. Parmi nos employĂ©s, 200 environ travaillent, Ă temps plus ou moins complet, Ă la R&D.
F.P. : Plus de 7 millions de recherches sont effectuĂ©es chaque jour sur le site Google.fr, qui draĂ®ne 3,11 millions de visiteurs uniques par mois (source Nielsen Netratings, avril 2002). Le français est la cinquième langue la plus utilisĂ©e sur Google, aussi, il devenait logique, voire urgent, de crĂ©er une filiale en France, car la demande des annonceurs Ă©tait forte. Le site français de Google atteint un taux de couverture de 28% dans l’Hexagone (26,5% dans le monde), ce qui en fait le 7ème site français sur ce critère. Nous allons initier la filiale française avec 6 personnes pour, nous l’espĂ©rons, monter en puissance rapidement. L’Ă©quipe devrait comprendre un « traffic manager » plus deux personnes plus spĂ©cifiquement allouĂ©es aux « Adwords Select » (voir plus loin). Je m’occuperai, pour ma part, plus particulièrement des « Premium Sponsorships » (voir plus loin Ă©galement).
Fichier PDF tĂ©lĂ©chargeable ici (la lettre RĂ©acteur n’Ă©tait Ă cette Ă©poque-lĂ disponible que sous cette forme).