Content is king ! Alors, pour contenter Google (et vos futurs visiteurs), vous décidez de faire appel à un rédacteur web pour alimenter votre site en contenus frais, intéressants et optimisés pour le SEO ! En un peu moins de 2 500 mots, vous trouverez ci-dessous quelques pistes de réflexions pour mieux choisir votre rédacteur web et mieux travailler avec lui.

Par Aurélien Morillon


Dans notre agence, pas un seul jour ne se passe sans que nous devions livrer des textes à nos clients. De l’annonce Adwords au grand dossier de 8 000 mots ou plus, il faut faire mouche. Toucher juste, servir à la fois l’intérêt du lecteur et du donneur d’ordre. Informer sans dire de bêtises.

L’exercice paraît simple. Pourtant, ça se corse en général très rapidement.

Entre un pure player commercialisant des produits techniques pour les métiers de bouche et un bon vieux click & mortar vendant des matelas au grand public, les rédacteurs doivent passer d’un sujet à l’autre en adaptant le ton, en passant du registre soutenu à la vulgarisation scientifique, tout en servant des intérêts parfois contraires.

Pour un référenceur, le rédacteur est un allié de choix dans la conduite d’un projet.

Pourquoi avons-nous besoin d'un rédacteur ?

Le choix du rédacteur web dépend des besoins du projet.  Vous devez préciser les objectifs à atteindre, les compétences attendues, le degré de créativité nécessaire, la régularité exigée. S’agit-il d’e-réputation, nécessitant de publier des commentaires intelligents sur des articles de blog, des forums, des pages linkedIn ou Facebook ? Une agence de communication vous a-t-elle demandé de l’aide pour "remplir" un site actuellement en Lorem Ipsum ? Ou bien avez-vous la lourde tâche de rédiger des fiches produits pour 3 280 références, dont de nombreuses déclinaisons de tailles et de couleurs ? Ou encore, devez-vous publier des articles de blogs ou d’actualité en respectant une fréquence élevée, nécessitant de sous-traiter cette partie de la prestation ?

Bien entendu et quelque soit le cas, votre client/boss/collègue vous a demandé de faire de la qualité !

C'est quoi, déjà, un texte de qualité ?

Bienheureux est le prestataire n’ayant jamais eu de client précisant "Je veux des textes de qualité, pas de la daube" !

Le mot "Qualité" a tendance à hérisser franchement le poil. Peut-être parce que depuis ces temps sombres de pénalisations Panda ou Penguin, Google nous demande de faire de la qualité sans jamais nous préciser explicitement ce qu’il entend par … "Qualité" !

Alors en bon chef de projet, vous avez pris l’habitude de préciser "Quali ++" dans vos commandes aux rédacteurs, reportant la pression sur les épaules du sous-traitant. Et gare à celui qui rédige des textes jugés "médiocres" par le porteur de projet ! Il devra refaire les textes gracieusement, sous prétexte que le niveau de qualité livré n'est pas satisfaisant !

Penchons nous donc sur la définition de "Qualité", vue par l'afnor (Norme x50-120) : "La qualité, c’est l’ensemble des propriétés caractéristiques d’un produit, bien ou service, lui confèrant l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés ou implicites."

Pour éviter les prises de bec entre le porteur du projet et le rédacteur, il convient donc d’établir une charte de qualité. Cette charte regroupera des directives formelles guidant les besoins exprimés et des exemples de rédaction "de bonne qualité" permettant de s’imprégner des besoins implicites.

En premier lieu, c'est donc au maitre d'ouvrage (le porteur de projet) de définir ce qu'est, pour lui, un produit de qualité.

Le maitre d'oeuvre (vous) définit à partir de cette définition un processus de production compatible avec les exigences du maître d'ouvrage.

La qualité coûte cher. Vrai ou Faux ?

Nous vous épargnerions bien le laïus et la leçon de morale du type "traiter les retours pour non conformité coûtent plus cher qu’une réflexion bien menée dès le départ"... Concentrons-nous plutôt sur quelques questions embarrassantes.

Comment rémunérer un rédacteur ?

Les rédacteurs "pigistes" ayant de la bouteille dans la presse ont l’habitude d’être payé au feuillet. Un feuillet fait 1500 signes (1 signe = 1 caractère, espaces compris). Les rédacteurs "web" ont davantage l’habitude de pratiquer une rémunération au mot. Selon le style et le sujet, un mot fait en moyenne entre 6.1 et 6.5 caractères. Ceci vous donne une bonne base de conversion.

Le secteur est libre et vous pourrez assez rapidement accéder à des offres variant de 0.02€ à 0.5€ / mot. Vous êtes perdu ? C’est normal, on est sur le Web 🙂

Le sujet est plus sensible pour la rémunération au temps. Vous pourriez être tenté d’estimer la productivité du rédacteur. En moyenne, vous trouverez facilement des forfaits de 2 500 mots par jour. Les plus véloces montent à 10 000 mots / jour, lorsque le sujet est maîtrisé et qu’on passe en mode "mitraillette".

Néanmoins, évitez de baser vos estimations sur la vitesse de frappe. Un rédacteur pointant à 120 mots par minute sur Klavaro risque l’AVC en tenant cette cadence plus d’une heure.

Vous lirez plus loin dans cet article que la conception d’une texte nécessite un travail de réflexion et de recherche documentaire durant lequel on ne rédige pas.

il est recommandé d’accepter un forfait journalier uniquement dans un second temps, lorsque vous vous êtes fait une idée plus précise du ratio productivité/satisfaction.

Faut-il mieux rémunérer au temps passé ou au mot ?

"Si j’avais eu plus de temps, j’aurais écrit une lettre plus courte". Si l’attribution de cette citation est disputée, elle nous laisse avec le choix cornélien du volume et de la concision.

La rémunération au mot et ses écueils

Nous avons eu le loisir dans notre travail quotidien de relever des comportements typiques en travaillant  avec des rédacteurs habitués à travailler au mot, à savoir :

  1. Des reformulations de la même phrase dans plusieurs paragraphes ;
  2. Une abondance suspecte d’adverbes (néanmoins, pourtant …) ;
  3. Une présence suspecte d’expressions à plusieurs mots ("Du moins", "En somme").

Comment ces excroissances vocabulatoires apparaissent-elles ? En fait, c'est assez simple : vous commandez un texte de 350 mots, le rédacteur fait son travail et juge avoir tout dit en 280 mots. Il est naturel de se dire "Ok, j'ai 280 mots, on m'en a commandé 350... Comment vais-je faire pour atteindre l’objectif ?"

En une ou deux repasses sur le texte, le rédacteur aura vite fait de trouver des opportunités de gonfler artificiellement le volume de mots. Et le tour est joué...

Et si le sujet ne nécessitait pas plus de 280 mots ? Peut être alors que votre commande manquait de cohérence avec la faisabilité ? D'un autre côté, si vous mettez trop de pression sur votre rédacteur, alors vous aurez 350 mots bourrés de répétitions et de lourdeur… Que vous devrez tailler pour rendre le texte "présentable".

Faisons confiance aux rédacteurs avec qui nous travaillons. S’ils jugent qu’il faut s’arrêter avant, alors on s’arrête.

Restez cohérent entre la commande et la faisabilité

Avez vous vraiment besoin de rédiger des descriptions produit de 350 mots pour chacune des 4 déclinaisons du même produit, quand seule la couleur change ? Il existe sûrement quelques exceptions pour lesquelles c’est nécessaire.

Un rédacteur ultra créatif sera capable de faire ce type de travail…. Pour quelques produits. Y arrivera-t-il pour documenter un catalogue de 20.000 références ? Plus "touchy", n’est ce pas ? 😉

En général, la question de gestion des URL canoniques est certainement à aborder dans ce cas avant de commander vos textes... 😉

Rédacteur Français ou étranger ?

Le facteur "Prix" est déterminant pour mener à bien votre projet. Alors on se dit, tiens, pourquoi pas tester des rédacteurs situés hors de nos frontières, dans des pays où la vie est moins chère ? Entre les pays de l’est, d’Afrique et d’Asie, nous avons l’embarras du choix.

Ce qui nous intéresse, ce qui vous intéresse, c’est l’affinité. Peu importe le "made in" sur l’étiquette. L’affinité avec la langue, l'affinité avec la culture du lecteur, l’affinité avec le sujet, l’affinité avec le produit.

Voici un exemple qui parlera de lui même : Une cliente confectionne des robes de soirée dans un quartier reconnu de la région Parisienne. Nous avions besoin de mettre un peu de "poids" sur les pages présentant ses créations et pour "garantir la qualité", nous commandons les textes à Patricia, une rédactrice professionnelle franco-française. Echec cuisant, notre cliente a trouvé que nos textes  faisaient "mémère", nous aurions dû tout reprendre. "Nous aurions dû"  parce que Manoa, rédactrice issue de Madagascar, à l'essai chez nous, avait produit d'autres textes pour les mêmes pages. Ils  ont été retenus par la cliente sans aucune correction.

Et voici un contre-exemple : Un client, ecommerçant, nous demande de faire rédiger des descriptions pour environ 900 produits. Budget serré parce qu’il lance plusieurs projets en parallèle. Nous sélectionnons un rédacteur à Madagascar qui fait un excellent travail. 4 semaines plus tard, livraison. La catastrophe ! Nous recevons un mail, suivi d’un coup de fil, dans lesquels les superlatifs négatifs s’accumulent. Là c’est sûr, on s’est planté... Nous assumons et proposons une réécriture à nos frais, par un rédacteur franco-français, après avoir rebriefé le client. Livraison des réécritures. Fail total ! Il s’avère que certains porteurs de projets ne sont tout simplement pas prêts à faire rédiger leurs textes par des tiers.

Nous travaillons toujours avec lui, seulement la rédaction est toujours un sujet sensible, malgré plusieurs sessions de briefs pour recadrer les éléments de langage utilisables et les mots à bannir des productions. Nous avons recours ponctuellement à une rédactrice dédiée, dont le style se rapproche de l’idéal de ce client.

Moralité : l'origine du texte peut rassurer mais il ne peut en aucun cas laisser préjuger de la satisfaction du porteur de projet final !

Ce qui nous amène au dernier volet de cet article : les compétences à attendre d’un rédacteur Web.

Qu'est ce qu'un rédacteur ?

S’il y a bien une distinction à faire, c’est celle entre le concepteur-rédacteur et le rédacteur. Il existe une différence singulière entre les deux. Le premier conçoit le message avant de rédiger. Le second rédige un message conçu par un tiers.

Ces deux profils diffèrent également du journaliste. Ce professionnel des medias a pour mission de collecter et recouper des données intéressantes. Il peut rédiger ses propres articles. Dans ce cas, son intitulé de poste sera "journaliste-rédacteur".

Ainsi, vous comprenez que faire appel à un rédacteur implique que le message a déjà été conçu. Soit par le porteur de projet, soit par… vous (si vous êtes SEO indépendant ou en agence) !

Une source commune d’insatisfaction concerne le décalage entre la rédaction et les intérêts du lecteur ou du porteur de projet. Cette insatisfaction est bien trop souvent associée à une absence de brief. Or, rédiger un brief est un vrai métier ! Il faut interviewer le porteur de projet, analyser et comprendre les problèmes, les frustrations de ses clients, s’approprier le jargon métier, etc.

Et le "web" de "Rédacteur web", qu’en faites vous ?

De temps en temps, il est bon de dire des généralités. En voici une justement : le très faible niveau "web" des rédacteurs web est affligeant!

Être rédacteur web, c’est savoir comment rédiger et savoir comment faire du Web. Savoir respecter la syntaxe du français est aussi important que respecter la syntaxe du code HTML.

D’autre part, comment peut-on prétendre être rédacteur sans maîtriser la sémantique ? Un bon rédacteur doit être en mesure de livrer un texte au format DOC avec des "titre 1", des "titre 2", des listes à puces et même du gras lorsque cela est justifié.

Ensuite, un bon rédacteur web doit respecter les contraintes de la lisibilité sur écran. Le butineur, comme disent nos amis québequois, scanne la page à la recherche de l’information. Facilitez le scan à l’aide de phrases plus courtes et favorisez l’accroche de l’oeil en mettant en gras l’idée importante de la phrase (et, par pitié, pas juste les mots clés).

Et enfin, un bon rédacteur web doit savoir qu’une page possède une balise TITLE et une balise meta "description". Il doit prévoir du contenu pour ces deux balises, sans que nous ayons à le préciser.

Conception d'un texte : quelles sont les compétences sollicitées ?

Pour conclure ce dernier volet, traçons les compétences nécessaires à la réussite d’une rédaction de bonne qualité. Le rédacteur n’intervient que dans une infime partie du processus :

  1. Rédaction du brief
    1. Si vous travaillez pour un porteur de projet, interviewez le. Au moins par téléphone.
    2. Fixez le ton, les éléments de langage.
    3. Dressez un portrait robot de ses lecteurs (persona). Qu’attendent-ils ? Pourquoi viennent-ils sur ce site ?
    4. Donnez des exemples de textes acceptables et inacceptables.
  2. Recherche des mots clés
    1. Pour un sujet donné, c’est le meilleur moment de rechercher vos mots clés.
    2. Vous trouverez une tonne d’idées pour la longue traine.
    3. Vous trouverez assez de questions pour construire un plan orienté dans l’intérêt du lecteur.
  3. Conception du message
    1. Vous dresserez un plan dont la profondeur variera en fonction de la taille du texte commandé.
    2. Vous y ajouterez des éléments rendant le texte appétant, percutant.
    3. Donnez des pistes (Chiffres à chercher, arguments à défendre, idées de storytelling).
  4. Recherches documentaires
    1. Avant de rédiger, le rédacteur doit absolument passer par la documentation.
    2. Sélectionnez des sources d’information fiables et utilisables.
    3. Vérifier l'exactitude, la crédibilité des sources peut être une bonne idée.
  5. Rédaction du texte
    1. Le rédacteur est censé intervenir à cette étape.
    2. Trop souvent on commande des textes avec un sujet (voire un mot clé) et un nombre de mots à atteindre. Sans brief, sans plan, sans mots clés, sans sélection de sources, obtenir un texte compatible avec le projet relève de la prouesse !
    3. Le temps économisé en amont sera perdu à la livraison parce que vous devrez adapter le contenu.
  6. Reformulation
    1. Chaque individu a son style. La reformulation est donc une étape normale dans le processus.
    2. La correction est incluse dans cette étape.
    3. La personne la plus à même de réaliser cette étape est le porteur de projet.
  7. Mise en forme
    1. C’est la dernière étape
    2. Aligner les balises HTML sur la sémantique
    3. Mettre en exergue les microdonnées (Citations, encarts divers)
    4. Ajouter des illustrations, faire des tableaux de données…
    5. Faire des liens vers les références, soit faire du référencement 😉

Conclusion

Pour conclure, on peut dire qu'un contenu réalisé dans les règles nécessite de passer par de multiples étapes, d'être validé par des personnes, des expertises différentes.

Une page réussie mérite mieux qu’un devis signé à 3 centimes le mot, traité à la légère en bourrant un fichier Excel avec une colonne "mot clé" et une colonne "nombre de mots". Une réelle réflexion est à mener de bout en bout.

Si toutes les étapes décrites ci-dessus sont incluses et correctement détaillées, payer un texte 0.2€/ mot n’est pas trop cher. Il s’agit juste d’une prestation différente, plus complète.


Aurélien Morillon, fondateur et directeur général de l'agence Egoprod http://egoprod.fr/, Profil Google+