Rechercher de l'information consiste parfois à se plonger dans le passé du Web, en explorant les contenus publiés depuis plus ou moins longtemps. Mais il peut aussi s'agir de mener des investigations en temps réel sur ce qui se passe sur notre planète. Après la visualisation des avions, bateaux et trains en temps réel le mois dernier, voici une liste d'outils permettant de savoir ce qui se passe à un temps T sur notre bonne vieille planète de plus en plus en danger : météo, intempéries, foudre, séismes, qualité de l'air, éruptions volcaniques, feux, tempêtes, etc. Avec ces outils, plus rien ne vous échappera...

Par Christophe Deschamps

 

Nous avons vu le mois dernier que de nombreux services permettaient de suivre en temps réel les déplacements d’avions, navires, trains, bus, etc. L’autre secteur dans lequel le temps réel lié à la géolocalisation est particulièrement intéressant est la surveillance de la planète. En effet, les capteurs existent depuis longtemps (on pense aux stations météo par exemple) et il est maintenant possible d’obtenir des visions d’ensemble de phénomènes affectant la planète. En voici quelques-uns...

Ventusky (https://www.ventusky.com/)

Ce service est probablement le plus connu pour ce qui est de la météo en temps réel. Il vous positionne par défaut sur la carte du pays d’où vous vous connectez mais vous pouvez bien sûr visiter le monde en naviguant dans la carte ou en recherchant des noms de lieux dans le moteur en haut à gauche.

La température et la vitesse du vent sont affichées par défaut mais, comme on le voit dans la copie d’écran ci-dessous, il est possible d’afficher de nombreux autres paramètres.


Fig. 1. Page d’accueil du site Ventusky.

Voici par exemple la même carte indiquant les précipitations sur les trois dernières heures :


Fig. 2. Carte Ventusky après l’application du « layer » "Précipitations".

Une barre chronologique en bas de page permet de faire apparaître les prévisions sur les heures et jours suivants.


Fig. 3. Barre chronologique permettant de choisir une date.

 

Ce service, aux cartographies visuellement très réussies, est proposé par la société tchèque InMeteo et utilise les données publiques de plus d’une quinzaine d’organisations dont MétéoFrance.

On pourra également consulter le site RainViewer (https://www.rainviewer.com/) plus spécifiquement ciblé sur les précipitations comme son nom l’indique.

Blitzortung (http://map.blitzortung.org/)

Ce site permet de suivre les impacts de foudre dans le monde entier. Il se base pour cela sur une communauté d’opérateurs de « stations », c’est-à-dire de personnes intéressées par la météo, qui se dotent de capteurs électroniques (qu’ils peuvent commander sur le site) pour détecter les ondes basses fréquences (VLF) émises lors des épisodes orageux.


Fig. 4. Capteur VLF proposé sur le site Blitzortung.

 Ces capteurs, reliés aux serveurs de l’organisation, permettent alors de suivre précisément les impacts des éclairs de foudre dans le monde.


Fig. 5. Page d’accueil du site Blitzortung.

On repère par exemple cette masse orageuse très active au large de la Tunisie :


Fig. 6. Zoom sur une zone orageuse au large de la Tunisie.

Bref, le crowdsourcing au service de la météorologie !

VolcanoDiscovery (https://www.volcanodiscovery.com)

Comme son nom l’indique, ce site permet de surveiller l’activité volcanique dans le monde, mais aussi les tremblements de terre. Il présente à la fois une carte interactive des événements et une liste mise à jour en temps réel qui les détaille.


Fig. 7. Page d’accueil du site VolcanoDiscovery.

Il est possible de n’afficher que les séismes ou les volcans en utilisant le bouton « Montrer/cacher » :


Fig. 8. Carte affichant les volcans en activité sans les séismes.

En cliquant sur l’une des éruptions en cours, on obtient des détails sur celle-ci dont parfois l’accès à des webcams :


Fig. 9. Détails sur l’éruption active de l’Etna.

Si l’on clique sur le lien [info] dans la liste d’évènements, on arrive sur une page spécifique à un tremblement de terre ou une éruption détaillant :

  • Son épicentre ;
  • Sa magnitude ;
  • Sa profondeur ;
  • La quantité d’énergie qu’il a approximativement dégagé.

Il est possible également de contribuer à enrichir la fiche si l’on a soi-même ressenti le séisme.


Fig. 10. Fiche détaillée d’un évènement sismique.

Les données utilisées sont issues de plusieurs organismes publics nationaux et internationaux et le site propose par ailleurs de nombreuses actualités et dossiers sur le volcanisme et la géologie. Impressionnant et passionnant !

Pour le suivi de l’activité volcanique en temps réel, on pourra également consulter le site Mirova (http://www.mirovaweb.it/), collaboration entre les universités de Turin et de Florence.

RéNaSS – Réseau national de surveillance sismique (https://renass.unistra.fr/)

Quoiqu’initialement national et maintenu par l’Université de Strasbourg, ce service permet également, grâce à des partenariats, de suivre l’activité sismique dans le monde. Comme sur le site précédent, la carte proposée est accompagnée d’une liste détaillée des événements, indiquant par exemple si l’on a affaire à un séisme ou à un tir de carrière.


Fig. 11. Page d’accueil du site RENASS.

En cliquant sur un des points de la carte ou sur un élément de la liste, on ouvre une page sur laquelle figurent de nombreux détails :


Fig. 12. Fiche détaillée d’un évènement sismique.

Ce service est utilisable par tous, mais la masse de données qu’il met à disposition indique son positionnement vers les chercheurs.

Pour la surveillance des tremblements de terre dans le monde il est également possible d’utiliser le service de l’USGS (United States Geological Survey) https://earthquake.usgs.gov/earthquakes/map) et celui de l’IRIS – (Incorporated Research Institutions for Seismology) : http://ds.iris.edu/ieb/index.html.

WAQI (World Air Quality Index) (https://waqi.info/)

Ce site est le résultat d’un projet à but non lucratif qui agrège les mesures de près de 11 000 stations réparties dans plus de 90 pays. Les indicateurs chiffrés proposés sur la carte sont nombreux et classés en 6 niveaux de couleurs allant de « Bon » à « Dangereux ». Lorsqu’on passe la souris dessus, s’affichent des éléments complémentaires tels que la qualité moyenne de l’air sur ce lieu durant les derniers mois.


Fig. 13. Cartouche indiquant la qualité de l’air sur une des stations de la carte.

Cliquer sur l’indicateur permet d’arriver à une page dédiée qui propose de très nombreuses données supplémentaires pour le lieu choisi : niveau de particules fines, température, hygrométrie, vent,… Ainsi que des prévisions de la qualité de l’air à 4 jours calculés via machine learning, ainsi qu’un historique détaillé sur un an.


Fig. 14. Fiche détaillée de la même station.

En revenant sur la page d’accueil, on trouve quelques indicateurs agrégés au niveau mondial tels que la liste des pays classés en fonction de leur taux de pollution. La France est en milieu de tableau avec une couleur jaune (modéré), soit le second niveau après le vert (bon).

Sur la question de la surveillance de la qualité de l’air ou pourra également consulter la mappemonde interactive Air Visual Earth (https://www.airvisual.com/earth).

Worldview (https://worldview.earthdata.nasa.gov)

WorldView est un site de la NASA qui donne accès à des images satellites en temps réel de la Terre. Il est possible d’y appliquer des couches (layers) comme les noms de pays, de villes ou les frontières géographiques, mais des centaines d’autres sont accessibles via le bouton « Add layers » tels que la détection des feux, de la qualité de l’air, des crues, tempêtes… Ici par exemple, les feux et anomalies thermiques détectés en Roumanie (points rouges) :


Fig. 15. Vue de la Roumanie avec l’ajout du layer « Fires and themal anomalies ».

Mais ce service va plus loin en permettant de comparer des images à des dates spécifiques. Après avoir lancé le mode Start Comparison, la fenêtre se divise en une partie A et une partie B. Il est alors possible d’associer chaque partie à une date en utilisant les curseurs temporels en bas de l’image. Il ne reste plus alors qu’à déplacer, à l’aide de la souris, l’image de droite à gauche de la ligne de division pour obtenir un effet avant/après.


Fig. 16. Comparaison de la même zone géographique à deux dates différentes, avec le layer « Fires and themal anomalies ».

Une ressource de très grande qualité !

Les services de cartographie et géolocalisation en temps réel proposent des visualisations qui, on l’a vu, peuvent être très utiles aux chercheurs et investigateurs. Elles se banalisent toutefois de plus en plus, notamment à l’aide d’applications pour smartphones, et s’adressent maintenant à tous même s’il faut parfois quelques connaissances spécifiques pour en avoir l’utilité.

Le mouvement ne peut d’ailleurs que s’amplifier, tant les capteurs sont de plus en plus présents dans notre vie quotidienne et les années à venir vont probablement voir proliférer ce type de dispositifs que nous ne manquerons pas de tester dans ces colonnes.

 

Christophe Deschamps,  Consultant-formateur : veille stratégique, intelligence économique, social KM, e-réputation, mindmapping, IST (http://www.outilsfroids.net/)