Walid Gabteni est le grand gagnant du concours international de référencement «  SEO Hero  » mis en place par la société Wix pendant plusieurs mois. Dans cet interview, il nous raconte sa stratégie pour gagner ce prix (50 000 US$) et son ressenti face au travail effectué pour atteindre ce résultat. Une vision qui fait la part belle aux idées originales et à la mise en place des fondamentaux du SEO.

Interview par Olivier Andrieu




En guise d'introduction, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Walid Gabteni, je suis référenceur indépendant expatrié à Florence en Italie et je vais sur mes 37 ans. Cela fait maintenant 10 ans que je fais du SEO, et j'édite Light On SEO, un blog sur le métier.

Peux-tu présenter le concours SEO Hero ? Par qui a-t-il été créé et pourquoi ?

C'est la société Wix qui est à l'origine de ce concours. Depuis leurs débuts, leur solution est décriée parce que pas suffisamment search engine friendly, mais il parait qu'ils ont fait beaucoup d'efforts en la matière ces deux dernières années. Ce n'est qu'une hypothèse selon moi, mais le concours était peut être un moyen de communiquer autour de cela. Le 16 novembre 2016, Wix déclare donc, en gros: "nous allons créer un site avec notre plateforme, si vous arrivez devant nous on vous donne 50 000 dollars. Vous êtes libres d'utiliser le CMS que vous voulez". Donc Wix a participé au concours qu'ils organisaient avec le site http://www.giftedseohero.com/.
Voici la page qui annonçait le concours : http://www.wix.com/wix-lp/seo-heroes et le règlement qui a fait tellement jaser (et pour cause).

Comment as-tu fait pour gagner ce concours ? Quelle a été la stratégie que tu as appliquée ?

Pour commencer, il est intéressant de noter que je fais partie des participants qui avaient le moins de contenu (j'entends par là du contenu textuel). Il ne faut pas en conclure que le contenu est inutile pour se positionner sur Google évidemment, mais c'est intéressant de le souligner pour rappeler que ce que Google attend de vous va varier directement en fonction de la requête.

Les attentes de Google pour ranker sur « SEO Hero » ne sont pas les mêmes que si vous deviez vous positionner sur « alzheimer ». Dans un cas, Google s'attend à découvrir un contenu riche développé et articulé autour de nombreuses pages, dans un autre, ses attentes sont différentes. Je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui truffent leur catégories de sites e-commerce de contenus textuels, la lecture n'est pas ce que recherchent les internautes.

Sur SEO Hero, ma stratégie on-site était simple : faire un site (http://www.seo-hero.tech/) qui ressemble le plus possible à une marque qui édite un outil de référencement en créant des pages de type About Us, FAQ, etc. Il s'agissait plus d'une question de signal global que d'optimisation pour un mot clé.

Un autre élément de ma stratégie fut de ne jamais mentionner le nom de Wix sur mon site, de manière à dissocier le plus possible mon SEO Hero du reste des participants. Google allait à coup sûr identifier les termes « SEO Hero » comme étant quelque chose ayant à voir avec Wix, il fallait lui apprendre que SEO Hero se rapportait également à quelque chose de différent, en l’occurrence à un outil de référencement. En résumé, j ai essayé de créer une marque qui n a rien à voir avec ce concours.

Très vite et comme toute marque qui se lance sur Internet, j'ai créé des comptes sur différents réseaux sociaux, toujours pour cette question de signal que j'essayais de soigner. Je n'ai pas multiplié les réseaux sociaux, je me suis arrêté à Facebook, Youtube et Google +, pour ce qui est du compte Twitter je me suis reposé sur mon compte historique @lightonseo.

A mon sens, il était inutile de multiplier les réseaux sociaux si je n'y publiais pas du contenu, j'ai donc créé des vidéos en français, en italien et en anglais bien sûr, qui expliquaient comment fonctionne SEO Hero.

Sur Facebook j'ai créé 3 pages, une pour les utilisateurs francophones, une pour les italiens et une en anglais pour le reste de la planète. Non seulement cela permettait aux utilisateurs d'avoir des conseils dans une langue qu'ils maîtrisent, mais ces pages étant directement liées depuis le site web donnaient une dimension internationale au site. Il est rare qu'un site spammy crée des pages Facebook dans trois langues. Toujours ce fameux signal.

Le travail sur la marque SEO Hero fut le premier gros chantier, le second fut le netlinking et j'ai beaucoup joué de mes contacts et parfois de mon savoir faire commercial pour obtenir des liens. Mes actions étaient beaucoup plus efficaces car la ressource que je mettais en avant était objectivement utile pour beaucoup. J'ai flirté à l’international pour avoir des liens, et j'ai volontairement appuyé à fond (sans la moindre crainte) sur l'ancre optimisée, car il s'agissait en réalité d'une ancre « brandée ».

C'était un tout mais le netlinking a très certainement pesé énormément dans la balance pour gagner ce concours.

Qu'est-ce qui a fait la différence par rapport aux autres participants selon toi ?

Encore une fois, la réalité du projet a certainement permis à mon site de se différencier et j'ai aussi cherché à bousculer les choses en étant très actif sur le netlinking. Si l'on ajoute à cela « la bonne étoile » sous laquelle je voguais, cela nous fait un trio de facteurs déterminants.

Comment se sont passés les relations pendant le concours avec les autres SEO français ? Et internationaux ?

Les relations avec les français étaient très bonnes, Stéphane Madaleno nous a réuni dans un groupe Skype sur lequel nous avons pas mal échangé. Sur un un concours international, les relations entre français ne pouvaient être que bonnes, c'était un peu « nous contre le reste du monde ».

Les relations internationales, en revanche, furent une toute autre histoire. Je me souviens d'un échange un peu virulent que j'ai eu avec un référenceur allemand qu marchait un peu trop sur mes plate-bandes à mon goût. Nous avons eu droit également à un américain qui relayait nos moindres faits et gestes en criant au scandale, puis à la fin, un russe qui a très mal digéré le résultat, probablement parce qu'il a investi beaucoup d'argent sur ce challenge.

Et avec les organisateurs ? Il semblerait que les relations aient été parfois un peu houleuses ?

Non, le problème n'est pas que les relations avec l'organisateur étaient houleuses, mais qu'il n y avait pas du tout de relation. Wix n'a pas communiqué suffisamment à mon goût. Si on ajoute à cela un règlement qui ouvre les portes à l'interprétation, cela donne des participants pas sereins du tout.

Es-tu fier qu'un référenceur français ait gagné ce concours ?

Si je n'avais pas gagné, j'aurai évidemment préféré qu'un français gagne ce concours, mais il faut être honnête je suis surtout fier que ce soit moi qui ait gagné ce concours. Si j'avais été suisse, cela aurait été pareil.

Quel est ton bilan ? As-tu appris avec ce concours et si oui, quoi ?

Sincèrement, contrairement au premier concours où j'avais participé, sur celui ci, je n'ai pas cherché à faire des tests et essayer des nouvelles techniques. J'ai juste appliqué ce que je savais faire, car mon objectif était d'arriver le plus haut possible et non pas de faire de la R&D.

Je n'ai pas appris beaucoup, par contre j'ai été bluffé par les tours de magies que certains (français) étaient capables de faire dans les SERP, je pense notamment au fait de tromper Google et de chiper la position d'un site concurrent. Je savais que ça existait, mais le voir en live c'est déroutant.

S'il fallait le refaire, ferais-tu tout pareil ? et es-tu prêt à recommencer ?

Oui, plus ou moins. J'ai appliqué les bases du SEO, du contenu (pas du contenu textuel ici, mais un outil) et des liens. Je ne dis pas que tout serait pareil si je devais recommencer, mais les grands axes seraient eux identiques je suppose.

Dernière question : tu as du coup gagné 50 000 $ (et un peu moins d'euros). Que vas-tu faire de cet argent ? Partir en voyage au bout du monde ou spammer Google comme un goret en rachetant des tas de noms de domaine expirés ? 😀>

Ni l'un, ni l'autre, d'ailleurs en parlant de spammer comme un goret, il faut savoir que si je m'extasie devant certaines tactiques black hat, c'est plus l'état d'esprit qui me séduit, mais mes pratiques sont bien plus clean que ce que je laisse transparaître sur mon blog SEO, par exemple.
Sinon je ne sais pas précisément ce que je vais faire de cet argent, je vais vraisemblablement essayer de le faire fructifier dans un projet web. Ou pas.
🙂


Interview réalisée par Olivier Andrieu, rédacteur en chef de la lettre "Recherche & Référencement".