Il est souvent difficile de trouver trace d'un «  vrai  » cocon sémantique sur le Web. Le cocon est parfois comme Nessie (le monstre du Loch Ness) : tout le monde en parle, mais personne ne le voit... Alors, est-ce un mythe ou existe-t-il vraiment ? Plusieurs sortes de cocon cohabitent-ils sur le Web ? Christian Méline explique ici sa vision du domaine et nous explique ce que sont devenus ces cocons depuis leur conception, avant d'analyser un exemple de "cocon moderne" disponible en ligne...

Par Christian Méline

Le cocon sémantique existe-t-il ?

Tel le « Monstre du Loch Ness », beaucoup en causent, mais presque personne ne l’a vu… Vous en entendez parler et lorsque vous demandez un exemple, la terreur saisit votre interlocuteur... Parfois, quelqu’un vous en montre un, discrètement… Là, vous faites 3 pas en arrière de peur que le monstre ne vous attaque !! 😉 Quoi qu’il en soit, en public, personne ne veut confier d’URL. Pourquoi cette retenue ?

Il existe plusieurs explications possibles :

  • Le référenceur a bien fait un « truc » mais est-ce réellement un cocon ? Lui-même n’en est pas très sûr… C’est ce qu’il a vendu, en tout cas.
  • Tant de pages pour un cocon incite à faire des contenus sans intérêt. Au final, ce n’est pas présentable.
  • Quand j’accompagne un client, j’insiste sur la qualité des textes. C’est donc un investissement. Sur certaines thématiques, le vol de contenu est quotidien. Du coup, certains craignent d’exposer ainsi leur travail et de se faire piller. En pratique, les voleurs se moquent de la qualité. Ils récupèrent tout ce qu'ils trouvent.
  • Le plus souvent, un SEO se doit d’être discret. Un SEO ne donne pas les noms des sites en public, parfois parce que son client ne le veut pas.
  • Il y a encore d’autres raisons, mais nous ne les citerons pas ici.

Obtenir ne serait-ce qu’une seule URL de cocon « présentable » est difficile. C’est parfois révélateur du niveau des contenus... J’ai plusieurs cocons d’une bonne qualité. Malheureusement, la plupart de mes clients ont refusé que leurs URL soient communiquées. Peur de la concurrence sans doute… Mais nous verrons le mois prochain qu'il est possible d'analyser quand même un cocon disponible en ligne.

Et pourtant, plus ils sont bien réalisés, plus les textes sont soignés, plus ça cartonne, vraiment ! Pour autant, un cocon n’est qu’un cas particulier du maillage interne. Nous verrons cela plus loin.

La terminologie, une grande confusion

Malheureusement, la plupart des professionnels du SEO ne nous aident pas. Je confesse être exaspéré par toutes les tournures que certains utilisent pour « renouveler » le genre. Récemment, j’ai vu un site appeler cela des « silos lexicaux » (?). Décidément, les personnes prétendant faire de la sémantique ne connaissent même pas le sens des mots. Cette expression ne veut rien dire !

Certes, le marketing est parfois baratineur, mais il y a des limites... Si nous ne savons pas de quoi nous parlons, faisons donc autre chose.

Le temps et les modèles

Ensuite, il y a ceux qui remontent le temps. Ils prétendent qu’ils faisaient déjà des cocons sémantiques avant 2010… Mais voilà, Google ne faisait absolument pas de sémantique à l’époque. C’était le règne des mots-clés et des mots-clés seuls. A cette période, un mot avec ou sans accent était 2 mots différents. Il faut arrêter de prendre les auditeurs pour des nigauds. Là encore, des opportunistes surfent sur la vague…

Il y a aussi l’évolution même de la réalité. Là, ceux qui sont restés coincés dans le modèle originel des cocons sont désormais largués.

Nous allons essayer ensemble de remettre tout cela en place...

Alors, au final qu’est-ce un cocon sémantique ?

Sur le lexème « COCON »

Dès que Laurent Bourrelly a montré un mindmap de cocon, il y a quelques années de cela, la plupart ont cru y voir un silo. Quand vous regardez le plan d’un cocon, cela peut effectivement porter à confusion. Il est vrai que cela peut ressembler à ça :


Fig. 1. Exemple de structure de cocon sémantique.

Dans cette représentation, la page à pousser se trouve tout en bas. Les arcs de diverses couleurs, sont les liens qui vont des pages à un niveau n, aux pages vers le niveau juste en dessous, n+1. Nous nommons ces liens, les liens « descendants ».

La ressemblance du cocon avec un silo vient de ce type de représentation… Si nous comparons avec les plans du métro, les lignes peuvent être empruntées dans les deux directions, mais il ne s’y trouve qu’un seul « trait » sur les plans, et ce, pour les deux directions.

En fait, la ressemblance du cocon avec un silo vient de la représentation par mindmap. Dans un mindmap, vous ne pouvez que converger vers le nœud final.
Quoi que vous vouliez représenter dans un mindmap, cela ressemblera toujours à un silo si la page finale se trouve en bas. Ce n’est pas propre au cocon, mais à ce type de représentation.

D’autres ont fait le parallèle également avec une arborescence. Là aussi, c’est une illusion. En effet, pour obtenir cette arborescence, il faut le renverser. La tête se retrouve en haut et non en bas. Dans la représentation ci-dessus, seuls les liens partant du haut sont montrés.

Si nous mettons tous les liens, des géométries différentes apparaissent selon l’arrangement des « noeuds ».

 


Fig. 2. Représentation d'un cocon sémantique à l'aide de l'outil Cocon.se.

Le vocable « SILO » est né de la présentation par mindmap.

Celui-ci est, par ailleurs, trompeur à un autre titre. Nous pourrions croire que la puissance des pages se concentrera sur la tête du cocon… Or, mathématiquement, ce n’est pas le cas. Une fois placés tous les liens présents dans un cocon, il faudra en faire davantage. Nous détaillerons ce point plus loin.

Finalement, « cocon », ne se référant donc pas à une géométrie particulière, convient mieux que « silo ». Le terme « grappe » aurait pu aussi convenir. Par contre, n’ajoutons pas à la confusion en nommant un concept de plusieurs façons.

Sur le lexème « SÉMANTIQUE »

Différencions maintenant « thématique » et « sémantique ». L'un et l'autre sont souvent confondus, à tort.

Au départ, le cocon sémantique était tout sauf sémantique ! En réalité, la sémantique se rapporte au sens d’un texte. Je dis bien le SENS et non pas sa THÉMATIQUE.

Par exemple, sur la thématique « musique classique », de multiples sujets bien distincts peuvent être traités. Nous constatons que c’est nous, humains, qui décidons d'en faire une thématique. Ce classement est arbitraire. Nous avons décidé de ce qui serait classique ou pas. C’est un choix qui nous est propre ou partagé avec d’autres.

Mais à ce stade, un classement est juste un regroupement approximatif.

Le « sujet » est ce dont parle UNE page précise. Pourtant, nous ne sommes pas encore au niveau de la sémantique.

Ce que vous allez dire sur le sujet va avoir du sens (ou pas). Ce que vous lisez en ce moment même aurait pu aborder des points totalement différents. Le sujet aurait été tout autant « le cocon sémantique ». Mais je pourrais en parler autrement en abordant d'autres aspects de celui-ci.

La sémantique est donc le sens d’un texte. Celui-ci n’est absolument en rien lié à vous ni à votre lecteur. Ce sens est celui du texte lui-même.

Prenons un devoir de philo. Le même sujet sera distribué à tous. Pour autant, ce que nous attendons de chaque candidat est un contenu qui révèle une pensée originale. Il devrait donc y avoir une copie différente pour chaque élève. Chacune de ces copies a un sens différent qui se retrouve dans le texte même.

Pour résumer, donc :
Thématique = classement arbitraire d’objets ou concepts.
Sémantique = sens d’un texte, d’un paragraphe, d’une phrase, d’un mot…

Maintenant que nous avons différencié thématique et sémantique...

Quand le cocon sémantique a été imaginé, il reposait sur un postulat. Celui-ci était que Google trouvait plus naturel de lier deux pages de même thématique. Nous allions alors créer les contenus en nous servant des propriétés de la thématique. De proche en proche, nous arrivions à la page à pousser.

Par exemple, pour mettre en avant une ville, nous pourrions développer trois branches :

  • la première sur son histoire,
  • la seconde sur les lieux culturels,
  • la troisième sur ses écoles et commerces.

Effectivement, l’intuition était bonne à ce moment-là (2012-2013). Google n’était pas encore assez avancé pour se casser la tête.

Mais, aujourd'hui, le fait de relier deux pages d’une même thématique est insatisfaisant. Cela n’est pas assez pour que les liens soient incitatifs au clic. En effet, vous pouvez aimer le cinéma, mais pas le théâtre… Pourtant, les deux, dans votre cocon, parlent des activités culturelles de votre ville.

Aujourd’hui, le cocon doit effectivement être sémantique. Le terme « sémantique » a été utilisé en lieu et place de « thématique » à ses débuts… À présent, il faut que le cocon le devienne vraiment !

Google et la sémantique

Google comprend-il les sujets des pages ? Non, pas au sens humain, bien sûr, il est bête comme n’importe quelle machine. Par contre, il sait calculer et extirper le nécessaire d’un texte. Ainsi, il lui est aisé de faire des rapprochements. Certains nomment cela pompeusement « machine learning ». Je dis « pompeusement », car qui ne comprend rien ne peut rien apprendre !!

Par conséquent, le terme « machine learning » est une tromperie. Il s’agit juste de collecte de données et de tests très basiques. Ce n’est effectivement rien d’autre. C’est l’homme qui a décidé de ces collectes, et non une prétendue IA. D’ailleurs, ce terme est encore une exagération marketing.

Ces statistiques suffisent pour détecter si les liens entre deux textes font SENS pour l’internaute. Au niveau d’un logiciel, il est possible de programmer un système de prédiction. C’est ce que nous nommons la « sémantique prédictive ».

Cette « sémantique prédictive » ne donne pas à la machine le sens lui-même. Une machine ne peut pas comprendre. Mais elle peut prédire si votre visiteur y trouvera son compte. En d’autres termes, elle escompte le fait suivant. La page derrière le lien tient la promesse faite à l'internaute sur le lien.

Cela suppose une contextualisation des 2 côtés. Elle concerne le lien lui-même et son point de chute sur l’autre page. Les liens vont du paragraphe d’une page A au paragraphe d’une page B.

Pour illustrer mon propos, prenons la page Wikipedia sur Mozart. Un paragraphe de cette page parle de sa ville de naissance. Celui-ci va naturellement faire un lien vers la page qui parle de Salzbourg. Si le lien est fait ailleurs dans cette page, il peut perdre tout son sens. La thématique « musique classique » a-t-elle le moindre rapport avec la thématique « villes » ? Aucun, mais par contre, le lien ici fait SENS.

C'est cela qui a changé. Google dispose de moult data. Elles lui permettent d'analyser si un lien a une chance d'être cohérent.

Et les référenceurs ?

Malheureusement, la plupart des SEO n’intègre pas cette finesse sémantique. Pourtant, cette dernière permet de démultiplier la puissance d'un maillage. Il faut, bien sûr, donner des indices au moteur pour qu’il fasse des rapprochements. Nous allons utiliser pour ce faire la contextualisation des liens.

Attention à certains outils également qui n'ont de sémantique que l'appellation. Ils ne proposent qu'une forme moderne du keywords stuffing (bourrage de mots clés). Y avoir recourt est un saut vers l'illusion.

Les annonceurs utilisent le plus souvent les vrais outils sémantiques à disposition sur le Net (Il n'y a pas que les metamots, il y a aussi YourText.guru, par exemple). Ils se détourneront possiblement des SEO si ceux-ci ne se réveillent pas…

Le cocon "entre-deux"

Revenons aux cocons « basiques ». Ils ne reposent pas sur les aspects sémantiques avec cette granularité. Mais les cocons vont partiellement se rattraper en intégrant le supposé « surfeur raisonnable »…

Qu’est-ce que le surfeur raisonnable ? Un lien au début d’un texte sera probablement mieux vu par l’internaute. Donc, attribuer plus de puissance à ce lien est « raisonnable ». Plus nous descendons dans le contenu, moins il est fort. Cela suppose, bien sûr, deux choses. Le texte est agréable à lire et l’internaute est encore sur le site 😉 En quoi serait-il raisonnable de s’enfuir de la page dès le premier lien ? La question demeure.

Selon moi, il y a une erreur de raisonnement dans cette version simpliste du surfeur raisonnable. En effet, cela ne prouve pas l’attention de l’internaute. Par contre, certains liens seront davantage révélateurs de l’intérêt de celui-ci.

Par exemple, des liens sont dans une section "En savoir plus" en fin de contenu. Pour moi, un clic sur l’un d’entre eux est plus significatif. Cet intérêt est, certes, moins contextualisé, mais montre que le sujet a plu.

Une combinaison des deux peut-être ?

Élaborer un cocon sémantique

Nous allons essayer de comprendre à quoi ressemble le "monstre"...


Fig. 3. Représentation de départ d'un cocon sémantique.

On crée au départ des liens réciproques entre chaque page poussante et la page poussée. Des liens de chaque page poussante vers les 3 autres pages poussantes seront aussi faits.

Les emplacements de ces liens sont les suivants :

  • Page poussante vers page poussée, en début de contenu de chaque page poussante,
  • Page poussée vers page poussante, en milieu de contenu,
  • Liens entre pages poussantes, plutôt en fin de contenu, mais pas en footer.

Chaque page poussante du motif deviendra la page poussée d’une nouvelle itération de ce motif :


Fig. 4. Élaboration d'un cocon sémantique étape par étape.

Et ainsi de suite…

Cette version est très académique dans un premier temps. Nous pouvons l’améliorer sous quelques conditions. Vous aurez à chaque fois le bon contexte de lien, les bons sujets de pages... Facile à dire. Mais à faire, ça peut devenir assez compliqué. C’est plus simple avec la vieille méthode basée sur les thématiques. Toutefois, les effets sont aujourd’hui assez imprévisibles, même si relativement positifs.

Vous devrez prévoir également une table des matières distincte du plan de site. Elle va venir présenter chaque page. Réalisez cela un peu à la façon d’une SERP : titre + lien + description.

Si cette page est oubliée, n'attendez pas de miracle de la part du cocon.

Les caractéristiques du cocon sémantique moderne

  • Une structure reposant effectivement sur un maillage construit pour amplifier la force de la tête. Cela inclut les liens de base d’un cocon intégrant le surfeur raisonnable (1).
  • Des sujets de pages traités soigneusement. Les liens doivent être créés avec une logique de contexte local. Vous devrez donc oublier la rédaction « bas de gamme » (2).
  • Un nettoyage maximal de l’interface. De cette façon, les liens du contenu se trouveront valorisés (3).
  • Aucun doublement des liens.
  • Des liens de contenu prioritaires par rapport à ceux du menu. Pour cela, nous allons éjecter ce dernier en fin de HTML. Ensuite, nous le replaçons visuellement via CSS (comme Wikipedia) (3).
  • Une table des matières agréable. C’est impératif sinon le comportement du cocon pourra être erratique 😉

Pour augmenter l’efficacité, sur l'outil cocon.se, nous intégrons quelques liens supplémentaires qui démultiplient la puissance du cocon. Ceux-ci sont obtenus par calcul.

De quoi parler dans un cocon ?

C'est forcément une bonne question ! Les pages du cocon, en dehors de la tête, vont être des pages « soldats ». Ce ne sont pas des pages commerciales. À partir de là, vous trouverez des sujets qui suivent un parcours vers la conversion. Tout du moins, vous essayerez de le faire. Vous pouvez la jouer Wikipedia pour envoyer un signal documentaire fort. Il existe de nombreuses options. Un de mes clients a fait tout un cocon basé sur des interview d'experts. La démarche est intéressante. Par contre, il faut que ces pages-soldats soient instructives et bien écrites.

Le cocon sémantique en 2020

Un cocon sémantique aujourd'hui se conçoit mathématiquement, machine contre machine. C’est l'une des seules façons de le rendre efficient. De nombreux liens n’étaient pas dans le cocon d’origine. Aussi, les branches n’obéissent plus à la règle stricte du déploiement d’un motif. Les URL sont au même niveau sur le site (à plat). Les cocons ont donc évolué. Ils ressemblent moins à la structure originelle. Ils peuvent également pousser plusieurs pages au lieu d'une seule… En revanche, ils n’ont jamais été autant sémantiques et aussi puissants.

Conclusion

Vous comprenez sans doute pourquoi le cocon sémantique est si difficile à cerner. Selon qui l’a fait, il prendra des formes réellement très différentes.

Observations diverses pour ne pas travailler pour rien :
•  Un cocon doit être plus petit que le site qui l’accueille. Sinon, il n’arrivera pas à avoir un bon rendement.
•  Il faut savoir que la taille d’un cocon va être déterminante pour son succès. Toutefois, des textes de qualité supérieure permettent de réduire sa taille.
•  Un cocon n’est pas une arborescence d’un site dont la tête serait la home-page.

La plupart des clients ont honte de leurs cocons. Mais d’autres essayent de les faire avec soin. Même imparfaits, ils s’impliquent. Pour autant, ce ne sont pas des SEO. Par contre, ils ont suivi un petit coaching sur le sujet. Ils se sont investi à fond sur le projet.

Aussi, il est temps maintenant de passer aux travaux pratiques. Le mois prochain, nous étudierons un cocon sémantique disponible en ligne, chez un de nos clients, et nous le disséquerons pour voir ce qu'il a "dans le ventre". car rien n'est plus facile à comprendre que l'exemple...

Sources

(1) explications sur la structure d’un cocon chez NoTuxedo : https://www.notuxedo.com/creer-cocon-semantique/

(2) qu’est-ce qu’un texte de qualité ? :
https://www.journaldunet.com/solutions/seo-referencement/1446798-qu-est-ce-qu-un-texte-de-qualite-pour-google/

(3) Comment ne pas massacrer son maillage interne (valable aussi pour un cocon) :
https://www.journaldunet.com/solutions/seo-referencement/1489473-l-art-de-massacrer-un-maillage-interne-ou-de-le-laisser-s-epanouir/

 

Christian Méline
Concepteur du système des metamots (https://self.cocon.se/)