Il est souvent difficile de trouver trace d'un «  vrai  » cocon sémantique sur le Web. Le cocon est parfois comme Nessie (le monstre du Loch Ness) : tout le monde en parle, mais personne ne le voit... Alors, est-ce un mythe ou existe-t-il vraiment ? Le mois dernier, Christian Méline nous a expliqué sa vision du domaine. Ce mois-ci, il analyse un cocon disponible en ligne et explique pas à pas comment il a été conçu. Cerise sur le gâteau, il vous propose également un squelette de cocon sémantique «  prêt à l'emploi  » avec son mindmap associé...

Par Christian Méline

Nous avons vu dans la première partie de cet article, le mois dernier, les fondamentaux d’un cocon sémantique "moderne". Ce mois-ci, nous passons à la pratique avec une étude de cas. Nous irons de bout en bout pour illustrer le travail à faire afin de créer un cocon qui tienne la route.

Rappels des fondamentaux vus pour la plupart dans l’article précédent :

  • Un cocon sert à pousser une page particulière. Si vous avez plusieurs pages à « pousser », vous ferez plusieurs cocons ;
  • L’ensemble des cocons devront être plus petits que le reste du site ;
  • Nous avons deux types de pages. Le premier est une page à pousser. Le second consiste en des pages "soldats" que nous allons créer spécialement pour le cocon ;
  • Les textes devront être de la qualité la plus élevée possible. Ils devront apporter de vraies informations ;
  • Les liens faits à l’intérieur d’un cocon doivent faire sens. Ce n’est pas une question de thématique ou d’affinité entre pages. Les liens vont commander l’organisation des pages entre elles et non pas l’inverse ;
  • Un cocon est différent d’un silo. L’aspect silo est dû à la vue via un logiciel de mindmaping ;
  • Une page table des matières alléchante et soignée devra lister chaque page du cocon ;
  • Un cocon ne permet pas de pousser une page d’accueil. Celle-ci est, le plus souvent, trop large sémantiquement.

L’étude de cas abordée ici est un cocon réalisé avec l’outil cocon.se/metamots. La démarche vous aidera à mieux appréhender les antres de la sémantique prédictive. Cette forme de sémantique est particulière, mais indispensable de nos jours. Mais vous pouvez, bien sûr, concevoir un cocon manuellement ou avec d’autres outils.

Choisir la page à pousser et l’expression pressentie

Quelle page mettre en avant et sur quel mot-clé ? Les résultats de recherche des moteurs étant personnalisés aujourd’hui, cette question est mal posée.

La réponse recouvre 4 points :

  • Quoi ? ;
  • Lever les ambiguïtés éventuelles concernant le quoi ;
  • Pour quel internaute et pour quelle action que nous attendons de sa part ;
  • Pour quelle raison/occasion/motivation, lui, veut-il faire cette action ?

Exemple : Acheter une bague en or pour offrir à mon épouse
où :
{bague} est le mot-clé ;
{bague en or} : il s’agît d’un bijou, pas d’une bague de serrage. L'ambiguïté est levée ;
{acheter} : l’internaute est un acheteur ;
{offrir à mon épouse} : la motivation de l’internaute, la raison pour laquelle il veut faire cet achat.

Nous voyons donc, déjà, que le terme « intention de recherche » recouvre plusieurs notions. Ici, nous avons une composante « achat » (transactionnelle) + motivation (la partie souvent oubliée de l’intention). Parfois, seuls les 3 premiers concepts sont importants. Ce sera le cas dans l’exemple présenté ici.

Pour un e-commerce, par exemple, vous pouvez aller défendre une catégorie ou une sous-catégorie. Vous pouvez le faire pour toute autre page sauf peut-être une fiche produit. En effet, les produits ne sont pas éternels.

Entrons ensemble dans le cas étudié aujourd’hui. Ce cocon est terminé depuis peu par rapport à la date de cet article.

Nous allons tenter de mettre en avant grâce à un cocon sémantique la page se trouvant à cette adresse : https://www.batinea.com/receveur-douche.html

Nous allons tenter de la positionner sur l'expression « receveur de douche ». L’action est attendue sur un choix suivi d’un achat. « Choisir un receveur de douche » nous a donc semblé être une bonne base.

En essayant plusieurs formulations de sujet, nous avons choisi « Comment choisir un receveur de douche ». La figure 1 vous montre les lexies obtenues par le système des metamots :


Fig. 1. Metamot de l’expression « Comment choisir un receveur de douche ».

 

Les lexies sont pour la plupart déterminantes. Celles-ci sont également en phase avec le sujet. En effet, cela nous paraît aborder des points légitimes. Y répondre est, par conséquent, une bonne chose.

Toutefois, on peut détecter un problème. Notre page à pousser est à connotation marchande alors que notre sujet est éditorial. Nous allons donc utiliser une technique dite en « double page ». La tête du cocon sera bien une page éditoriale qui poussera, ensuite la page, marchande.

Ladite page éditoriale se trouve ici : https://www.batinea.com/comment-choisir-receveur-de-douche

Pour le moment, nous allons faire comme si nous voulions pousser la page éditoriale. Nous nommons cette page « la tête du cocon ». Nous verrons ensuite comment transmettre le jus obtenu à la page marchande dans un second temps.

Dimensionner le cocon en fonction de la difficulté

La taille du cocon est très importante. Le nombre de pages qu'il contient joue le même rôle que la quantité de liens en netlinking. Si vous n’en faites pas assez, l’effet ne se produira qu’à la marge. La grosse différence est qu’un cocon sémantique est une pratique non dangereuse. Par conséquent, vous n’avez pas de raison de perdre vos pages. La perte de liens, par contre, est monnaie courante en netlinking…

Attention toutefois : toute action surdimensionnée et usant de qualité faible pour les contenus pourrait être sanctionnable.

Expliquer comment dimensionner un cocon demanderait un article à part entière. Nous n'allons pas le traiter ici, pour éviter les redites. Nous vous invitons à le découvrir dans un article écrit pour le JDN. Attention, chaque mot est important, ne brûlez aucune étape :
https://www.journaldunet.com/solutions/seo-referencement/1423959-comment-calculer-la-taille-que-doit-avoir-votre-cocon-semantique/

Trouver et savoir choisir les bons sujets pour les pages du cocon

Une fois connu le nombre de pages, il va falloir trouver des sujets sur lesquels écrire dans ces pages. Et ce contenu peut, parfois, être très important.

Il existe plusieurs approches pour le choix des sujets :

  • Vous la jouez Wikipedia en développant de multiples sujets dans un style documentaire ;
  • Vous la jouez « keyword centric » : une multitude de questions-réponses autour de votre expression-cible ;
  • Un mix des deux.

Nous avons, quant à nous, utilisé Eurêka. Nous lui avons soumis l’expression de départ et quelques-unes de ses variantes. Le résultat nous a conduit à trier minutieusement une soixantaine de sujets parmi plusieurs milliers proposés. La figure 2 vous montre un extrait de cette liste :


Fig. 2. Exemples de sujets obtenus.

Note : Au départ, il y avait un peu plus de sujets. Le système en a exclu une fois le cocon calculé. Nous n’avons mis, ici, que ceux qui ont été retenus.

Bien sûr, le choix des sujets est un acte marketing. A priori, vous devez connaître vos internautes et leurs préoccupations, exprimées ou non formulées.

Construire une organisation des pages en fonction des liens à réaliser entre elles

Les metamots sont donc calculés. Dans l’outil proposé, nous choisissons la cible « comment choisir un receveur de douche ». La figure 3 vous montre cette étape. Ensuite, la structure va se créer automatiquement dans l'outil Cocon.se.


Fig. 3. Choix de la tête de cocon.

Nous ne sommes intervenus que sur une seule option : nous avons utilisé l’algorithme Zeus. Ceci est propre à l’outil et reste sans incidence si vous procédez avec d’autres systèmes.

Les cocons doivent plutôt être réalisés en se servant de la sémantique prédictive des liens. Nous oublions, alors toute notion de classement des pages. Celles-ci sont mises au même niveau. La vue en mindmap peut laisser croire le contraire comme le montre la figure 4 :


Fig. 4. Vue en mindmap.

La vue ici est trompeuse puisque l’aspect silo est lié à ce type de schématisation. Mais, nous le répétons, les pages sont toutes au même niveau dans le cocon.

En pratique, si nous représentons tous les liens, la vue change du tout au tout ! La figure 5 est très caractéristique de cette différence :


Fig. 5. Vue du cocon avec liens.

La diamètre de chaque disque symbolise la puissance générée page par page dans le cocon. Nous apercevons en bas à droite quelques points isolés. Ce sont les sujets que le système a refoulés pour que les performances soient optimales.

Chaque lien va ensuite être calculé pour tenir compte de l’objectif final. C’est d’ailleurs pourquoi baser les liens sur une catégorisation des pages perdrait en efficacité. En effet, les liens auront besoin de sauter d’une page à l’autre. Pour cela, la façon la plus logique est de le faire lien par lien. Vous ne devez pas avoir d’entrave due à un classement « rigide ».

Il faut donner un degré suffisant de liberté pour les calculs. Nous partons souvent d’un nombre de sujets plus important que nécessaire. Le logiciel peut, ainsi, choisir ce qu’il y a de mieux pour vous.

Dans nos cocons, les liens sont aux commandes. L’apparence de la structure finale en est déduite. Nous ne faisons pas l’inverse. Toutes les URL seront mises à plat, au même niveau (façon Wikipedia). Il n’y a pas de fil d’Ariane dans les pages du cocon. De même, vous n’y placerez pas de menu général non plus. L’interface sera la plus légère possible. Le contenu et le maillage passent avant tout. Un lien en footer vers les mentions légales nous semble toutefois approprié ;-).

Rédigez avec quelques changements dans vos habitudes

La rédaction web et/ou SEO que nous lisons sur le Web est trop souvent de bien médiocre qualité. Nous avons du mal à trouver des mots assez forts pour exprimer notre consternation devant ce constat… Les rédacteurs connaissent-ils seulement plus de 200 mots ? Il s’agit réellement d’un fléau. Or, il s'agit pourtant d'un levier extraordinaire. La richesse du vocabulaire est un élément qui va différencier vos textes de la bouillie habituelle. Ce n’est bien sûr pas l’unique critère. Mais le texte au kilomètre a vécu… Pire encore : plus le titre est incitatif, plus le contenu est décevant. Souvent, les cocons que nous trouvons sur le Web ont des textes insipides.

Dans le cas présenté ici, les contenus ont été rédigés par le client. Au moins, la justesse des informations a été soignée. Ils y ont mis leur cœur et c’est important.
Autre chose : quand vous parlez d’un sujet, ne vous exprimez sur rien d’autre. Vous ne devez pas vous disperser. Restez concentré sur ce qui s’appelle le scope (sujet + niveau de détail + profil du lecteur).

Vous pouvez vous inspirer de cet article qui aborde la qualité telle que nous pensons que Google la repère :
https://www.journaldunet.com/solutions/seo-referencement/1446798-qu-est-ce-qu-un-texte-de-qualite-pour-google/

Il est plus facile d’écrire quand nous disposons d’un guide détaillé. Ici, il va vous donner le contexte à utiliser pour les liens. La figure 6 vous montre ce que l’outil utilisé vous fournit pour rédiger votre prose. Les intitulés des liens font référence aux pages vers lesquelles pointer. Vous ne devez pas les reprendre tel quel, mais recourir à vos propres mots. Variez les libellés de vos liens :


Fig. 6. Exemple de page squelette HTML.

Passons au TITLE de vos pages de cocons à présent. Il doit reprendre le sujet, c’est assez logique. Il peut aussi contenir d’autres expressions attrayantes pour votre lecteur. Vous retrouvez ces possibilités dans l’outil utilisé ici, comme le montre la figure 7 :


Fig. 7. Exemple de Title.

Mais ne décevez pas ensuite le lecteur avec un contenu sans intérêt. La figure 8 est un exemple d’optimisation du contenu selon les lexies à placer :


Fig. 8. Optimisation du contenu.

Quand vous rédigez, les outils vous assistent souvent. Ils disposent d’éditeurs vous aidant à améliorer au fil de l’eau votre texte. Dans le cas de cocon.se, les lexies de contextualisation des liens vous sont fournies. Le premier travail consiste à placer les phrases contenant les liens dans le texte. Après cela, l’optimisation sera le plus souvent terminée. Il n’y a pas de suroptimisation autorisée. Le but n’est pas de se positionner sur les lexies !

Les autres aides à la rédaction

Les « cooccurrences »

La figure 9 propose des cooccurrences pour vous aider dans votre rédaction.


Fig. 9. Quelques cooccurrences.

Sur cocon.se, le mot « cooccurrence » signifie « primitive de lexies ». Ce sont, en fait, des lexies très faibles. En principe, elles restent dans le sujet…

Si vous manquez d’idées pour votre rédaction, vous pourrez disposer dans cet onglet d’une bonne quantité de ces « cooccurrences ». Celles-ci n’ont pas vocation à vous faire bourrer votre texte avec des mots supplémentaires. Par contre, elles peuvent vous inspirer…

Les lexies « à manier prudemment »

La figure 10 donne un aperçu des mots à proscrire dans votre contenu :


Fig. 10. Les expressions à éviter.

Ces lexies ne sont pas à éviter parce qu’elles sont hors de la thématique mais parce que, d’après nous, Google les a associées à un sujet légèrement différent. Par conséquent, elles peuvent le « distraire »… Vous pourriez voir ces lexies comme des indices discordants entraînant une confusion chez Google.

Implémenter le maillage avec contextualisation

La contextualisation est la caractéristique essentielle des cocons sémantiques modernes. Auparavant, les cocons étaient juste des pages organisées en familles étanches entre elles. En 2020, et sans doute pour longtemps, il faut viser plus haut. Tout d’abord, les familles (que certains nomment les silos) ont disparu. Par contre, chaque lien doit être contextualisé. Vous devez inciter au clic sans pour autant mentir à l’internaute.

Plaçons-nous du côté du moteur. Si Google arrive à prédire ce qui se trouve derrière le lien, il donnera à ce dernier beaucoup plus de poids. Ce sont les lexies qui vont lui permettre de s’y retrouver. Elles devront être insérées à une distance de 15 mots maximum du lien.

Vous restez libre, bien sûr, d’y mettre votre touche personnelle. Pensez, quand même, à donner envie à l’internaute de continuer la visite du cocon.

Dans cet exemple, tout vous est « mâché ». Par contre, nous retrouvons les liens du motif de base vu dans la partie 1. Pour rappel, la figure 11 reprend ce fameux motif de base :


Fig. 11. Motif de base avec tous les liens.

Comme il est toujours loisible d’améliorer les choses, nous avons ajouté quelques ingrédients complémentaires… Il s’agit de quelques liens non réciproques à l’intérieur même du cocon. Ils partent de chaque page où une prédiction est possible vers la tête du cocon. Ces liens sont visibles dans le squelette HTML. Ils peuvent multiplier par 10 la puissance de la tête pour un cocon ayant plus de 120 pages.

Dans le cocon, comme vous l’aurez compris, tout doit être à l’équilibre. Rien ne doit être laissé au hasard.

Bien sûr, vous devriez pouvoir faire tout ce qui précède humainement. Mais vous y consacrerez plus de temps et cela sera sans doute moins efficace. Mais cela reste faisable.

Ooops…

Nous avons peut-être oublié le principal, non ? La page marchande, la page que nous désirons finalement mettre en avant dans les SERP ! En effet, à ce stade, nous ne nous sommes concentrés que sur un seul point : donner la pleine puissance à la page éditoriale. Pour rappel, celle-ci est conçue pour se positionner sur l'intention de recherche « Comment choisir son receveur de douche ».

Mais il faut aussi pousser notre page marchande !

La solution est simple. Mettez, sur toutes les pages du cocon, un lien pour atteindre directement la page marchande. Exemple : Vous avez un cocon de 100 pages. Vous aurez, alors, 100 pages faisant un lien vers la page marchande. Bien entendu, ces liens seront placés plutôt en début de contenu. Ils prendront la forme d’un « call to action soft ».

Rappelez-vous que tout ce que nous venons de dire est accessibles à ces adresses :
Page éditoriale : https://www.batinea.com/comment-choisir-receveur-de-douche
Page marchande : https://www.batinea.com/receveur-douche.html

La table des matières

Vous devrez ensuite faire une page" table des matières" de votre cocon. Pour Batinea, par exemple, elle se trouve ici :
https://www.batinea.com/comment-choisir-receveur-douche

Cette page est distincte du plan du site. Cette table des matières doit être reliée depuis chaque page du site. Il convient de le faire juste AVANT le footer.

Mettre en ligne

Il existe de nombreuses possibilités de se tromper. Il est conseillé, idéalement, de préparer le cocon sur un site de preprod (non indexable). Il est d'autre part préférable de toujours placer le cocon en une seule fois sur le site.

Petit bonus (non négligeable) : vous trouverez ici un exemple de squelette HTML pour la table des matières d'un cocon sémantique sur l'expression "comment faire un gâteau au chocolat" ainsi que son mindmap au format .mm (que vous pouvez ouvrir par exemple dans le logiciel Xmind). Cela vous aidera à lever les dernières interrogations que vous pourriez avoir et vous donnera une base de travail non négligeable.

Coconnez bien ! 🙂

 

Christian Méline
Concepteur du système des metamots (https://self.cocon.se/)